Désolé si j'ai blessé qui que ce soit, je vais m'expliquer plus clairement.
Un fait important : je ne suis plus au lycée en fait. Je suis dans les études supérieures depuis cette année, et je suis en bi-cursus,
ici. Cette formation n'est pas mal du tout, mais requière beaucoup de travail personnel. Ça ne me gênerait pas si ce travail portait uniquement sur les matières du bi-cursus qui m'intéressent, la littérature et l'économie, mais il y en a d'autres à côté qui en demandent tout autant. Mais malgré tout, c'est un bon bi-cursus, et je ne peux certainement pas m'en plaindre. En revanche, c'est sur l'enseignement supérieur en général que se portent mes critiques.
Ensuite, et c'est là que j'ai l'impression d'avoir blessé quelqu'un, je ne méprise pas la fac, bien au contraire. Je crois que c'est à la fac, plus qu'ailleurs, que l'interdisciplinarité peut se développer, et doit se développer. Oui, l'interdisciplinarité se développe partout, même dans les grandes écoles. Blizzard, tu le montres à merveille. Mais dans ton cas, il s'agit davantage d'ouvrir un cursus d'ingénieur à d'autres champs, d'ajouter un « vernis » sur ta formation d'origine : ça me semble insuffisant. Tu ne deviendras pas historien, même avec un UV d'Histoire. Cela dit, c'est une idée géniale, qui fera de toi un ingénieur plus ouvert, flexible, ce qui te servira forcément sur le marché du travail. Et puis surtout, c'est un énorme avantage pour tous les gens curieux qui aiment regarder ce qui se fait ailleurs.
Oui, il existe des cursus mixtes, comme ceux dont tu parles Lothindil. Je suis d'ailleurs impressionné, je ne savais pas qu'on utilisait des champs si divers en psychologie. Oui, je suis convaincu que ces approches variées apportent un plus.
Oui, je sais qu'il existe des bi-cursus à la fac. Droit et Histoire de l'art, architecture et ingénierie, tant d'autres encore. Ce que je dis, c'est qu'il n'y en a pas assez. Je vous mets au défi de trouver une seule formation mêlant informatique et littérature en France. Je vous propose de comparer
ces 1131 formations universitaires proposant de l'informatique en Angleterre, à
ces 131 formations en proposant en France (edit: le lien pour les formations anglaises n'est pas constant, donc allez
ici, puis Search by subject > Lettre c > Computer Science). Je vous propose de comparer les possibilités de combinaisons interdisciplinaires offertes de part et d'autre de la Manche : d'un côté, une incroyable diversité de formations et de spécialités, de l'autre… Je sais qu'en France, l'informatique est plutôt enseignée en écoles d'ingénieurs, mais là encore, je vous mets au défi de trouver la moindre école d'ingé proposant d'étudier de la littérature, de l'Histoire ou de la philo.
Ce que je recherche, c'est, comme l'a dit Gaetz, des « parcours aménagés ». Deux matières, pas une, ni trois, ni quatre. Deux approches, un même intérêt pour chacune. Deux spécialisations librement mais fermement choisies, la liberté à la clé. Oui, trotter, je me lance dans les études parce que deux sujets précis m'intéressent. Pourquoi devoir me justifier, si mon intérêt est réel et fixé ? À quoi servent les études, sinon à cultiver cet intérêt quel qu'il soit ? Et puis, plus fondamentalement, pourquoi l'interdisciplinarité serait-elle incompatible avec tout objectif ? Puisqu'il faut formuler un projet, allons-y. Mon rêve, ce serait d'étudier l'informatique et la littérature. Je choisis l'informatique dans un but doublement pratique. D'abord pour devenir plus productif et rigoureux en programmation de jeux vidéo, ensuite pour développer des compétences utiles en entreprise, qui donnent accès à un métier. Je ne veux pas en faire mon unique spécialisation pour autant, car je ne me destine pas à devenir un programmeur de jeux, et le monde de l'entreprise n'est pas mon but premier. La littérature dessert un but plus personnel. Les jeux que je souhaite créer sont des histoires interactives, et j'accorde une importance particulière à la narration (pas au détriment du gameplay, jouez un peu à
Digital: A Love Story si vous ne voyez pas où je veux en venir). De plus, j'aimerais retranscrire l'univers du roman dans le jeu vidéo (Dickens étant ma référence). Je veux donc développer ma culture littéraire aussi.
Je crois avoir là un projet mûrement réfléchi mais que, de fait, je ne peux pas mener à bien en France. La seule alternative est de croire indéfectiblement en soi, de renier l'utilité de l'éducation et de se former en autodidacte. C'est la méthode Michel Ancel (qui est dangereuse, mais semble fonctionner pour certains).
P.S. Je ne méprise pas tant l'enseignement supérieur en France que j'en ai l'air. Je sais relativiser : comparativement à celui de nombreux pays, notre enseignement est excellent. On forme chaque année d'excellents médecins, avocats et informaticiens, le pays ne s'écroule pas pour autant. De plus, il est relativement accessible à toutes les classes sociales. Et je sais bien que l'interdisciplinarité n'est pas un dogme à généraliser. Certains domaines, comme la médecine, sont même plutôt incompatibles avec toute forme de bi-cursus, on a besoin de spécialistes aussi. Cependant, je crois fermement qu'accomplir le grand saut de l'interdisciplinarité nous emmènera encore plus loin. Vers plus de liberté, plus de flexibilité, plus de connaissances et plus de goût pour les études.
P.S.2 Ton expérience m'est toujours aussi utile, Gaetz, merci.

Sur la prépa : la B/L est pas mal du tout, peut-être un peu trop matheuse à mon goût. Dans tous les cas, je crois me reconnaître davantage dans le profil universitaire. Mais même si je n'aime pas la prépa sur le principe (sans mépriser ses élèves et ses profs pour autant), j'aime entendre l'expérience de ceux qui sont passés par là.