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De l’art et des jeux

Publié : 04 Avr 2013, 19:48
par Crapaudaplumes
Bonjour à tous ! Je vous propose le dernier article de mon blog sur la relation entre art et jeu. Je suis impatient de lire vos remarques et commentaires !



En 2006, un critique de cinéma américain, Robert Ebert, titrait un de ses articles paru dans le Chicago Sun-Times “Video games can never be art”. La même année sur le site internet encyclopédique Wikipédia, le jeu vidéo manquait de peu sa classification comme art. Aujourd’hui encore, la question du lien entre le jeu et l’art reste en suspend.

En ce qui me concerne, ma première réaction face à ce rapprochement fut plutôt négative. Je n’y étais pas opposé sur le principe. Simplement, je trouvais le jeu déjà si difficile à définir qu’en faire, en plus, de l’art me semblait une manière d’ajouter une couche de complexité à une notion qui n’en manquait pas.

Puis, j’ai commencé à réfléchir. Cela m'arrive parfois. J’ai cherché une définition de l’art qui me semblait pertinente puis en approfondissant un peu plus le sujet, j’ai finalement compris la raison des positions très tranchées et des débats passionnés qui l’entourent.

Si la question du jeu comme art n’a, selon moi, pas grand intérêt ce qu’elle cache l’est autrement plus. Il s’agit avant tout d’une question de reconnaissance.


L’art en question

Certains donc se demandent si leur passion n'aurait pas quelque chose à voir avec de l'art mais peu d'entre-eux se sont demandé ce que signifie réellement ce mot. La question de sa définition est délicate. Beaucoup d’auteurs s’y sont cassés les dents sans trouver de réponse adéquate. Tous les critères proposés pour définir l’art ne tiennent pas face à la diversité de son emploi.

On pourrait, par exemple, chercher à définir l’art comme un savoir-faire. Un problème se pose néanmoins. Si pour peindre correctement, il faut s’être exercé, c’est le cas également du travail de boulanger. Pourtant, il ne viendrait pas à l’esprit de ce dernier d’exposer sa baguette dans une galerie d’art. Nous nous retrouvons devant un critère qui n’arrive pas à distinguer la notion d’art des autres activités humaines.

On rétorquerait peut-être que l’art n’est pas une activité productive. L’artiste fait de l’art pour l’art. Que faire alors des nombreux tableaux, sculptures, bâtiments qui sont considérés comme artistiques et qui, pourtant, sont des commandes de mécènes ? L’artiste aussi a besoin de manger.

On pourrait s’intéresser également à la finalité de l’activité. L’art cherche à provoquer une émotion, ce qui n’est pas le cas des autres activités productives humaines. De plus, le boulanger produit des centaines de baguettes identiques. Ce que l’artiste produit, lui, est unique. C’est l’originalité qui ferait la spécificité du travail de l’artiste.
Malheureusement, l’histoire fourmille de contre-exemples. A l’époque de Platon, l’art n’avait pas pour but de susciter l’émotion mais d’imiter la nature. Une conception qui n’a évoluée que pour des raisons techniques. La photographie puis le cinéma imitant plus fidèlement et facilement le réel que n’importe quel tableau.

De plus, entre le travail alimentaire d’un artiste coté ou le dessin d’un enfant réalisé pour témoigner son amour à ses parents, le premier a plus de chance d’être considéré comme une oeuvre que le second. L’intention émotionnelle ne fait pas systématiquement d’un produit culturel, une création artistique.

Quant à l’originalité, l’argument ne semble pas non plus tenir face à l’histoire. Les artistes ont longtemps peint, sculpté, gravé des modèles semblables (l’éphèbe grec ou les scènes religieuses médiévales). Si des divergences de traitement pouvaient exister, celles-ci pourraient être aussi ténues entre les baguettes de deux boulangers. A l’inverse, que dire d’un artisan produisant des pièces de toiture ou d’ameublement uniques, à la commande ? Doit-on faire de lui un artiste ?

Ces soucis de définition disparaissent pourtant si on considère l’art comme un qualificatif. C’est ainsi que l’on peut comprendre la définition proposée par Marcel Mauss. Selon lui, une œuvre d’art est “un objet reconnu comme tel par un groupe”. Si la phrase n'est pas très belle, elle a le mérite de la simplicité. Si l’on suit cette idée, un objet d'art ne serait donc pas artistique par nature. Il s’agirait plus d’une étiquette que l'on lui collerait. Une manière de dire “ceci est un produit culturel supérieur”.

Le but de faire du jeu de l’art apparaît plus clairement. Il s’agit avant tout de le valoriser. Placé ainsi en haut de la hiérarchie des artefacts, le jeu deviendrait à la fois une pratique et un objet de connaissance reconnu socialement. Terminées les railleries sur les geeks asociaux et autres reportages sur le petit Kevin 12 ans qui ne fait que jouer. Bonjour deniers publics pour monter des expositions et reportages télé sur Kevin devenu l'un des plus grands game designer de sa génération.


Un outil de reconnaissance

Il y a une réalité que les plus de quarante ans ont parfois du mal à comprendre. Notre génération est devenue ludique. Nous avons grandi avec le jeu et le jeu a grandi avec nous. Gagnant en maturité au fil des ans, développant son potentiel au gré des avancées techniques et surtout des créateurs ou concepteurs de jeu.

Les passionnés de jeu, nombreux parmi les trentenaires, sont, aujourd’hui, en mal de reconnaissance. Ils essayent d’échapper à l’image longtemps véhiculée du jeu comme activité essentiellement infantile. Une image étonnante lorsque l’on connaît un peu son histoire. Pour cela rien de tel que devenir un art.

Si on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le processus est déjà amorcé. Les journalistes s’y intéressent de plus en plus et même Robert Ebert (si vous ne savez déjà plus de qui il s’agit, relisez l’introduction) est revenu sur ces propos. On s’aperçoit également que de nombreuses expositions récentes sont consacrées au jeu comme celle qui eurent lieu au Grand Palais, à la Gaïté Lyrique ou au musée de Cluny.
Pourtant, la reconnaissance du jeu, ne se fera pas sans certains écueils que, j’espère, nous saurons éviter.


Du jeu comme art, de l’art dans le jeu

Il existe de magnifiques échiquiers aux pièces perçues comme de véritables oeuvres d’art. Si cela témoigne d’un certain prestige lié au jeu, cela ne fait pas des échecs un art en soi. C’est l’erreur que commettent certains défenseurs du jeu vidéo. En voulant le valoriser par sa mise en scène cinématographique ou sa musique, ils cherchent à profiter de la reconnaissance de domaines artistiques déjà établis. Si on considère un jeu vidéo comme une oeuvre sous prétexte qu’il ressemble à du cinéma, le jeu vidéo dans sa globalité, restera pour tous un sous-genre. Si l’on veut véritablement faire du jeu un art à part entière, ce sont ses qualités intrinsèques qu’il faut mettre en avant. L’importance du support n’est pas à nier mais ce qui distingue véritablement un jeu d’un autre produit culturel c’est sa mécanique ludique, son gameplay.
Il ne s’agit pas de rejeter l’influence d’autres éléments culturels dans le jeu. Ce type d’inspiration assure une richesse sans cesse renouvellée au jeu. Néanmoins, il ne faut pas s’en servir pour le valoriser.

L’idée que le jeu doit acquérir ses lettres de noblesse par l’intermédiaire d’autres arts est perceptible dans certaines productions vidéoludiques. Heavy Rain (un jeu de Quantic Dream sorti sur playstation 3 en 2010) prend le parti de s’approcher sensiblement du film en atrophiant les possibilités d’actions du joueur. Sans juger de la qualité de l’expérience ludique proposée, on peut douter que la prise au sérieux du jeu passe par la parodie d’un autre genre artistique. On ne fera pas du jeu un art en mettant de l’art dans le jeu.


De quels jeux parle-t-on ?

En mettant l’accent sur le support propre au jeu vidéo (l’image et le son) pour à le faire reconnaître comme un art, on exclu d’office d’autres formes ludiques comme le jeu de société ou le jeu de rôle. Ces pratiques étant moins populaires, il est logique qu’elles aient moins de défenseurs que le jeu vidéo. Malgré tout, il ne doit pas recueillir seul les lauriers. Parce que derrière un jeu, il y a autre chose de plus important, il y a “le” jeu. Si on veut qu’au-delà du produit ludique, le fait même de jouer soit une activité reconnue, il faut que cette revendication englobe l’ensemble des activités ludiques.

Il ne s’agirait alors plus seulement d’une question d’expositions et de reportages télévisés. Le jeu pourrait devenir un sujet d’étude sérieux, sur lequel se pencher. Ses qualités seraient débattues et reconnues. On lui reconnaîtrait une place importante dans la vie d’un individu et ne serait plus perçu comme le passe-temps d’adultes immatures.

Plus intéressant qu’un aride débat philosophique, la question du jeu comme art apparaît plutôt comme la revendication d’une génération de joueurs. Lassés de ne pas être pris au sérieux, agacés par les suspicions d’abrutissement de leurs pratiques préférées, ils espèrent voir la tendance s’inverser. Il ne reste plus qu’à espèrer que la reconnaissance grandissante obtenue par le jeu vidéo ait des retombées sur le jeu en général.

Re: De l’art et des jeux

Publié : 05 Avr 2013, 11:30
par Kannagi
Je trouve tes écrit (sur ton blog) fort agréable , tu utilise correctement les mots ce qui est plutôt 'rare' est j'aime beaucoup de faire un peu de formalisme pour expliqué des concepts qui sont fort compliqué.
On va devoir faire un peu de philosophie =)

Alors la définition de art est un problème philosophique , j'apprécie beaucoup Emmanuel Kant et bien sur sa définition de Art donc pour résumé je dirait que un Art est ce qui est beau de maniérè universel et désintéressé.
Oui désintéressé dans le sens ou pour agréable (qui est un jugement personnel) , on gros même si tous le monde trouve quelque chose agréable ce n'est pas de Art (sinon le chocolat est un chef oeuvre ! par exemple) ,de nos jours on utiliserait plus le mot 'gout' que agréable , quelque chose peut être beau sans que cela fait partie de nos gout , Art n'est pas notre jeux vidéo préféré.
Donc le Jeu vidéo peut être un Art si on trouve un Jeu Beau de maniérè Universel et désintéressé ,du coup la reconnaissance n'a peu de rapport avec L'Art ,donc je dirais que le jeu vidéo est un Art méconnu.

Sinon je voudrais aussi signalé c'est que le jeu vidéo serait plus dans le multimédia que dans le ludique , il y a des jeux vidéo qui sont plus orienté simulation alors que autre jeux vidéo (surtout arcade par exemple ) sont des jeux orienté de maniérè ludiques et autre de maniérè plus cinématographique.