Je ne devrais même pas avoir à sortir cet argument mais ; une incidence directe à un acte individuel, il en existe une : montrer l'exemple.
Et pourtant c'est l'unique qui vaille, puisque dans ce cas un acte individuel peut dépasser sa limite individuelle.
Pour le reste, je ne vois pas en quoi mon argumentation est stupide
Je signale à toute fin utile que qualifier mon raisonnement de stupide pour me pré-persuader de tes arguments, et me dire que je dois forcément plaisanter pour me tenter par une porte de sortie facile d'aller dans ton sens sans perdre la face, sont des techniques de persuasion assez peu honnêtes.
Ce n'est pas non plus une masturbation intellectuelle, puisque, dans l'exercice de ma raison, je ne cherchais pas un plaisir solitaire - nous sommes deux - et dévolu de sa fonction première. A vrai dire, je ne suis pas même certain d'y trouver du plaisir.
En disant "Avec le même raisonnement on justifie, à titre individuel : de ne plus trier ses déchets, de jeter son huile de moteur dans la rivière, de ne pas aller voter, d'acheter des produits fabriqués par des enfants, etc.", c'est encore une technique qui ne relève pas de la logique. "A justifie de faire X. Mais A justifie aussi de faire Y. Y est mal. Donc A ne peut pas justifier X." J'admets un sens moral à ce "peut", mais on sort du cadre logique si la nécessité d'une telle morale n'a pas été prouvée (plus tôt, j'ai montré que le fondement de la morale comme empathie venait d'un instinct élevé arbitrairement par la raison. Je suis moral moi-même, dans une assez large mesure comparé à beaucoup de gens, mais cette moralité est un choix qui n'est absolument pas dicté par la raison).
L'intérêt d'agir malgré l'absence d'incidence directe vient 1) d'une question de conscience personnelle (si je boycotte Nike mon boycott seul n'empêchera pas les enfants de continuer à travailler tout autant, mais ce ne sera plus ma faute et je pourrai me regarder dans une glace tous les matins)
Ma morale est au-dessous de moi (je l'ai choisie arbitrairement et pourrais la quitter), non au-dessus de moi (un impératif absolu qui me dépasse). Je n'ai donc pas de problèmes de conscience.
et 2) du fait que si tout le monde faisait comme moi ça changerait concrètement les choses. Et il est possible que de plus en plus de gens fassent comme moi, et même qu'à terme tout le monde (ou presque) fasse comme moi, SAUF si chacun, à titre individuel, adopte ton point de vue.
Qu'importe les SI. Je répète que si je fais X, les autres ne le feront pas pour autant aussi. Et si je ne le fais pas, ils ne le feront pas pour autant non plus. C'est indépendant. Je n'ai pas la responsabilité des agissements d'autrui. Eux seuls sont responsables d'eux-mêmes (sauf exceptions, enfants qu'on éduque, etc.)
Sauf que, si tout le monde avait toujours pensé comme toi, personne n'aurait jamais cherché à rendre le monde plus juste, et du coup toi aussi tu serais surement en train de travailler dans des conditions sordides depuis ton enfance, au lieu de te la couler douce le ventre plein devant ton ordi dans ton p'tit apart' bien chauffé.
Je m'en réjouis. Cependant ce n'est pas exact. L'important ici n'est pas que "tout le monde" ait pensé différemment de moi. Mais que "quelques personnes d'influence" l'aient, qui ont provoqué des changements. Les autres sont négligeables, tout comme moi.
Au final, je ne comprends toujours pas en quoi mon raisonnement est stupide. J'admets toutefois la possibilité que mon action en inspire d'autres. Mais la vie que je mène ne me met pas en situation d'inspirer autrui, ou alors seulement un entourage proche : dont je doute qu'il puisse inspirer autrui non plus. Ca ne peut pas aller loin. C'est négligeable.
PS : je ne te trolle pas. Je te traite comme un interlocuteur valable (c'est-à-dire que je me permets de ne pas arrondir les angles et d'aller jusqu'au bout de ma pensée).